Pieter Levels, gourou du nomadisme digital
#2 Ou comment il génère $3M annuel avec quelques projets.
Dans cette édition, on va s’intéresser à Pieter Levels, a.k.a le boss des Indie Hackers.
Pour information, un Indie Hacker est un créateur indépendant qui développe des produits dans le but d'en vivre. La plupart sont des développeurs qui commercialisent des logiciels en ligne (SAAS : Software As A Service) et souvent sous forme de side project au début.
Pieter Levels est l’exemple même d’un Indie Hacker. Il a réalisé +70 projets et seulement quelques uns ont fonctionné :
D’après sa bio Twitter, voici ses différents projets qui tournent aujourd’hui :
📸 PhotoAI.com $85K MRR (MRR : Revenue récurrent mensuel)
🖼️ InteriorAI.com $42K MRR
🛰️ RemoteOK.com $51K/m (par mois, mais non récurrent)
🌍 NomadList.com $40K/m
🏠 Rebase.co $2K/m
Soit, $220k par mois Et donc, +$2.6M sur l’année.
Aujourd'hui, on va se concentrer sur le développement de NomadList, son site dédié pour les digital nomads. Mais avant cela, découvrons ensemble comment Pieter est arrivé sur ce projet.
D’un MBA à lancer des startups
Pour l’histoire, Pieter a obtenu un MBA.
Il a fait :
en 2017, 1 an à Hogeschool Utrecht
3 ans jusqu’en 2010 à la Vrije Universiteit Amsterdam
3 mois en Corée du Sud pour suivre les cours de la Korea University Business School
1 an d'administration des affaires à la Rotterdam School of Management où il obtient son diplôme en 2012.
Déjà, on voit qu’il a beaucoup bougé pendant ses études.
Parmi ces séjours, celui qui l'a le plus marqué est celui de trois mois en Corée du Sud. C'était la première fois qu'il sortait d'Europe et il a vu le potentiel fou qu'il y a à sortir de sa zone de confort.
Il quitte tout et devient digital nomade
Après l'université, en 2013, Pieter fait ses valises et part en Asie. Il parcourt le monde en tant que nomade numérique, vivant et travaillant dans des villes comme Bali, Hong Kong, Bangkok, Séoul, Chiang Mai et Singapour.
À l'époque, il dirigeait un réseau de chaînes YouTube consacrées à la musique électronique, appelé PandaMix.
Il gagne même un peu d'argent grâce à YouTube, mais il a du mal à suivre l'analyse de chaque chaîne.
Il créé donc une plateforme permettant de rassembler les données analytiques de toutes ses chaînes YouTube en un seul endroit : Tubelytics.
Sauf que le projet ne lui a pas rapporté d’argent.
En 2014, il est alors de retour chez ses parents dans sa ville natale d'Amsterdam et cherche toujours un moyen de créer une startup solo rentable.
En avril 2014, à 4 heures du matin, il écrit un article de blog intitulé "12 startups en 12 mois".
Et c’est la décision qui va littéralement changer sa vie.
12 startups en 12 mois
Pour Pieter, la plupart des startups échouent de toute façon : alors autant en créer plusieurs et voir ce qui tient la route.
Il voulait construire et lancer un projet par mois pendant toute l'année, et en documentant tout ça en mode « build in public » sur son blog et sur Twitter.
Voici une liste des projets qu’il a créé :
Play my inbox : un outil qui recueille les recommandations musicales de votre boite de réception et les ajoute à une liste de lecture. (Pieter partageait avec ses potes des musiques par email, l’idée vient de là)
(Pour en savoir plus)Go Fucking Do it : un outil où vous promettez de l'argent pour atteindre vos objectifs. Si vous échouez, l'argent va à Pieter (le boss, j’adore ce modèle) - le site est toujours live et lui rapporte toujours de l’argent aujourd’hui
(Pour en savoir plus)Tubelytics : un tableau de bord pour l'analyse des chaînes YouTube. Il l'a relancé dans le cadre du défi, mais n'a pas réussi à le monétiser.
(Pour en savoir plus)NomadList : un index en direct de plus de 1000 villes pour savoir où vivre et travailler à distance. Avec des informations telles que les vitesses d'Internet, le coût de la vie, la météo, etc.
(Pour en savoir plus)
NomadList est le projet qui a permis à Pieter de percer.
Il était n°1 sur Product Hunt, ainsi que sur Hacker News.
(Ce sont deux plateformes très connus dans le monde des startups quand tu lances un projet et pour te faire connaître)
Pieter a donc un choix à faire quand NomadList commence à avoir de la traction :
Continuer à relever le défi des 12 startups.
OU se concentrer sur NomadList.
Et il décide de se lancer à fond dans NomadList.
Pour résumer son challenge des 12 startups en 12 mois :
Il en a lancé 8 au total cette année-là. Il a d'abord testé 5 idées de projets qu'il avait, et une fois que NomadList a eu du succès, il s'est concentré dessus et a lancé d'autres produits qui avaient des synergies avec elle.
NomadList
Plongeons-nous maintenant un peu plus dans son projet NomadList.
Problème
En tant que digital nomad, en voyageant et en travaillant dans différents endroits du monde, Pieter rencontrait beaucoup d'autres personnes qui faisaient la même chose : comme des freelances, des employés à distance ou des fondateurs de startups.
Malheureusement, pour tous ces nomades numériques, il n’existait pas encore d’index des meilleures villes où vivre et travailler.
Selon Peter, un outil regroupant toutes les villes avec des indicateurs comme le coût ou la qualité de vie permettrait de mieux choisir sa destination selon son mode de vie.
Un simple Google Sheet comme MVP
Pour tester son idée, le 24 juin 2014, il tweet juste le lien d’un Google Sheet modifiable:
Les gens se prennent rapidement au jeu et remplissent les données. Ils ajoutent même des colonnes pour différents indicateurs, comme le niveau de sécurité, la densité des cafés, etc.
Pieter venait tout juste de répondre à l'hypothèse d'un intérêt pour ce type d'outil. Twitter s’enflammait pour juste un spreadsheet : il fallait maintenant un vrai site.
Construction du site
Pour le nom, il s’est inspiré de BetaList. Il aimait l’idée de List, donc il l’a modifié en NomadList.
Pour le visuel, il voulait quelque chose de plutôt simple : il a alors copié la mise en page de Product Hunt.
Les données, elles, provenaient de sa feuille de calcul Google.
Voici l’un des premiers visuels du site en 2014:
Pour faire un retour sur NomadList :
Je commence personnellement la vie de digital nomad depuis peu et je me suis donc inscrit sur la plateforme. Le site est vraiment ultra simple et il y a énormément de fonctionnalités. C’est même impressionnant et on se demande comment une personne seule a pu créer tout ça.
Lancement accidentel du site
Environ un mois plus tard, le 29 juillet, il redémarre son serveur et son site se trouve soudainement mis en ligne.
Oui oui, c’est ça l’accident !
Le même jour, un article est publié sur TechInAsia. Et quelqu’un soumet le site à Product Hunt.
Nomad List est passé directement à la première place sur Product Hunt (et c’est d’ailleurs le 5ème produit le plus voté de tous les temps sur la plateforme).
Rentable dès le premier jour
Dans les premières 24 heures du lancement, Pieter reçoit un email de Matt d'Automattic :
Il accepte et Automattic devient donc le premier sponsor du site. Pieter a juste ajouté un lien vers leur site sur NomadList et se faisait 5 000 dollars par mois grâce à ça.
Il a reçu de nombreuses autres offres pour du sponsorship par la suite.
Maintenant que le produit existe, il reste une chose importante à faire : connecter les digital nomads les uns aux autres.
Création d’une communauté
Il créé donc un simple groupe Slack !
Il connecte un Typeform à son site pour inviter les gens à rejoindre le groupe Slack et, en l'espace d'un mois, le groupe compte +1 000 membres.
Cependant, des spammeurs font rapidement leur arrivée.
Il fait donc payer un droit d'entrée de 5$, ce qui diminue le nombre de spams.
Mais ça recommence rapidement ensuite, il augmente donc les frais d’inscription à 10$. Et progressivement jusqu’à 100$.
Actuellement, le prix pour faire partie du groupe est de 159,99$ et ça se passe désormais sur Télégram.
NomadList compte aujourd’hui +28 000 membres.
Sa stratégie Marketing
SEO
Il y a une quantité massive de filtres pour les villes sur le site. Chaque sélection ou combinaison de filtres génère une URL spécifique qui est indexée par les moteurs de recherche. Cela permet à Pieter de générer des centaines d'articles sans aucun effort et c’est top pour le référencement.
Ses contenus sur Twitter et son blog
Pieter est célèbre pour ses “Build in Public” dans le monde des startups : il partage tout ce qu'il fait avec ses projets sur Twitter et les résultats financiers de ses entreprises sont publics.
Son Twitter est une véritable mine d’or pour ceux que ça intéresse.
Avec toutes les données qu'il a obtenues de NomadList, Pieter a pu développer d’autres projets et créer un véritable écosystème pour les nomades. C’est l’idée d’ajouter des outils supplémentaires à ton produit principal pour attirer d’autres clients.
Les résultats
Le 30 Mai 2019, voici les résultats pour NomadList et RemoteOk combinés:
(Et pour NomadList, le 26 février 2018)
Bref, le boss. Il fait en plus 95% de son travail solo, il a juste quelques personnes qui l’aident sur certaines tâches.
Ce qu’il faut en retenir
Pieter Levels génère tout seul +3M$ par an. Il est un exemple niveau résilience. Qui peut prétendre avoir un taux d’échec si élevé et d’avoir continué ?
Ce qui est impressionnant, c’est l’écosystème qu’il a créé pour les nomades. Mais il ne s’arrête pas là, depuis quelques temps, il s’est attaqué au domaine de l’IA.
Voici les leçons clés de son parcours, qui peuvent t’être utiles :
Il faut juste faire les choses : construire, échouer, apprendre et continuer à construire.
Il n'est pas nécessaire de disposer d'une technologie de pointe pour créer une entreprise rentable. (Pieter utilise du simple HTML, CSS, JS avec jQuery pour le frontend et PHP avec SQLite comme base de données pour le backend)
Les grosses entreprises servent les masses, les indépendants peuvent servir les niches.
Gagner de l'argent en ligne est difficile, être prolifique donne juste plus de chances d'y arriver.
L'échec est une bonne chose. Mais pour ça, il faut rester dans le jeu après avoir échoué.
Un MVP (Minimum Viable Product) se doit d’être simple. Son but est de tester rapidement une hypothèse, pour ensuite créer un vrai produit.
Tu auras beau réussir, pour rester dans le game tu devras continuer d’innover et te surpasser.
Faire un “Build in public” et être transparent est un super moyen de se créer une communauté.
Avoir une communauté peut permettre de prendre la température d’un marché avant même de réaliser un MVP.
Être à la fois un “builder” et un “seller” est sans doute le meilleur combo pour un solopreneur.
Allez boss, on se retrouve dans 2 semaines pour une autre analyse !
PS : Si tu as aimé cette édition, n’hésite pas à laisser un like. Ça m’aide grandement pour la suite ! 🙏🏻
PS2 : Je voulais inclure beaucoup plus d’images, mais on est malheureusement limité. J’ai dû réduire la qualité des images présentes, en espérant que ce soit quand même lisible !
Wow, quel boulot, tu as du y passer pas mal d'heures!
Hâte de voir les prochains profils que tu vas choisir :)
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